Prier avec Edith Stein

Sept rayons d’une neuvaine de Pentecôte

1. Qui es-tu, douce lumière, qui me remplit
et illumine la ténèbre de mon cœur?
Comme la main d’une mère, tu me conduis
et, si tu me lâchais,
je ne saurais faire un pas de plus.
tu es l’espace enveloppant mon être
et l’abritant en toi.
Le rejetterais-tu,
il coulerait à pic dans l’abîme du néant
d’où tu le tiras pour l’élever vers la lumière.
Toi, qui m’es plus proche que je ne le suis moi-même,
qui m’es plus intérieur que mon propre cœur,
et pourtant insaisissable, inconcevable,
au delà de tout nom,
Saint-Esprit, éternel Amour!

2. N’es-tu pas la manne si douce à mon palais,
qui du Cœur du Fils déborde dans le mien,
nourriture des anges et des bienheureux ?
Lui qui s’est levé de la mort vers la vie,
il a su m’éveiller du sommeil de la mort
à une vie nouvelle.
Vie nouvelle qu’il me donne chaque jour
et dont la plénitude doit un jour m’inonder,
Vie de ta propre vie, toi-même en vérité,
Saint-Esprit, vie éternelle!

3. Es-tu le rayon jaillissant comme l’éclair
depuis le trône très haut du Juge éternel,
pénétrant comme un voleur dans la nuit de l’âme
qui s’ignorait elle-même?
Miséricordieux, impitoyable aussi,
tu pénètres jusqu’en ses profondeurs cachées
L’âme est effrayée de ce qu’elle voit d’elle-même
et se garde ainsi dans une crainte sacrée
devant le commencement de toute Sagesse
qui vient d’en-haut
et nous y ancre d’un ancrage solide,
devant ton action qui nous crée à nouveau,
Saint-Esprit, rayon que rien n’arrête!

4. Es-tu la plénitude d’Esprit et de puissance
qui permet à l’Agneau de rompre les scellés
du décret éternel de la divinité?
Sur ton ordre, les messagers du jugement
chevauchent de par le monde entier et séparent,
du tranchant de l’épée, le Royaume de lumière
de celui de la nuit.
Les cieux seront nouveaux et la terre nouvelle,
et tout retrouvera alors sa juste place
par ton souffle léger:
Saint-Esprit, puissance victorieuse!

5. Es-tu le Maître d’œuvre,
le bâtisseur de la cathédrale éternelle
qui depuis la terre s’élève jusqu’au ciel?
Tu donnes vie à ses colonnes, qui se dressent,
hautes et droites, solides et immuables.
Marquées du signe de l’éternel Nom divin,
elles s’élancent vers la lumière et portent le dôme
qui achève et couronne la sainte cathédrale,
ton œuvre qui embrasse l’univers entier:
Saint-Esprit, Main de Dieu créatrice!

6. Es-tu Celui qui créa le miroir limpide
tout proche du trône du Seigneur, le Très-Haut,
semblable à une mer de cristal où se contemple
la divinité en un échange d’amour?
Tu te penches sur l’œuvre la plus belle
de toute ta création
Et ta propre splendeur éblouissante de lumière
te renvoie son reflet,
qui unit la pure beauté de tous les êtres
en la figure pleine de grâce de la Vierge,
ton Épouse immaculée:
Saint-Esprit, Créateur de tout ce qui est!

7. Es-tu le doux cantique de l’amour
et du respect sacré qui retentit sans fin
autour du trône de la Trinité sainte,
symphonie où résonne
la note pure donnée par chaque créature?
Le son harmonieux,
l’accord unanime des membres et de la Tête,
dans laquelle chacun, au comble de la joie,
découvre le sens mystérieux de son être
et le laisse jaillir en cri de jubilation,
rendu libre
en participant à ton propre jaillissement:
Saint-Esprit, jubilation éternelle! 

 

Edith Stein, Pentecôte 1942

 

Reine de la paix

Mère toute-puissante, Reine de la paix, par tes prières
Protège de tout mal ceux qui te sont consacrés
Grave-les fidèlement dans ton cœur très pur
Unis tes filles au Christ leur Epoux divin
Gloire du Carmel, apprends-nous à aimer le Christ seul,
à suivre le Christ avec constance et à aimer sa croix
à écouter le Verbe qui prit chair de ta chair
Douce mère de Jésus et notre Mère à tous,
Prie Jésus pour nous, ô Marie, Mère de toutes grâces.

Mère toute-puissante, Reine de la paix, par tes prières
Grave fidèlement dans ton cœur très pur ceux qui t’appartiennent
repousse à jamais tous les maux loin d’eux
Unis tes filles au Christ leur Epoux divin
Gloire du Carmel, apprends-nous à aimer le Christ seul,
à suivre le Christ avec constance et à aimer sa croix
à écouter le Verbe qui prit chair de ta chair
Douce Mère de Jésus et notre Mère à tous,
Prie Jésus pour nous, ô Marie, Mère de toutes grâces.

Mère toute-puissante, par tes prières auprès de Dieu
Ô souveraine pleine de bonté, garde tes filles de tout mal
En ton cœur fidèle nous mettons une ferme espérance
le petit troupeau a le désir de suivre le Christ son pasteur
Lui qui est vraiment ton fils, ô toi qui l’enfantas,
Que le Christ soit notre paix, notre Roi pour toujours.
Et toi veuille donner la paix aux tiens, Reine de la Paix,
Mère de Jésus, notre guide et notre mère, marche devant nous,
Donne-nous d’aimer le Christ, écoute-nous dans ta bonté.

Edith Stein – Octobre 1937

Conseils de vie spirituelle
par Edith Stein

Il s’agit seulement d’avoir concrètement un petit coin tranquille où l’on puisse converser avec Dieu comme si rien d’autre n’existait – et cela chaque jour. Les heures du matin me semblent les plus favorables, avant de commencer le travail de la journée ; ensuite, il faut que l’on trouve là sa mission particulière, si possible pour chaque jour, et non par choix personnel ; enfin que l’on se considère entièrement comme un instrument ; et spécialement que l’on regarde les forces avec lesquelles on doit travailler – dans notre cas, l’intelligence comme quelque chose dont nous ne nous servons pas nous-mêmes, mais dont Dieu se sert en nous. Vous avez là ma recette. Chaque matin, ma vie commence à nouveau, et chaque soir elle se termine. D’autres plans et projets, je n’en ai pas – naturellement, il y en a qui font partie du travail quotidien de la journée : la profession d’enseignante, par exemple, est impraticable autrement. Mais du souci pour le lendemain, il ne faut jamais en avoir. Vous comprendrez donc que je ne puis laisser passer ce que vous dites : que je suis « devenue quelque chose ». Il me semble que le rayon de mon travail doivent s’étendre, mais cela ne change rien pour moi, je le pense réellement. On m’a demandé cela, et je l’ai entrepris, sans savoir encore ce que cela comporte et quel sera pratiquement le chemin.

Lettre du 12 février 1928, à Soeur Callista Kopf, Dominicaine 

« Les poèmes d’Edith Stein (sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix)
sont souvent des prières que l’on adopte »

Offert par Soeur Cécile, ocd

Prière d’Edith Stein

Mon Seigneur et mon Dieu,
Tu m’as conduite sur un long chemin, obscur,
Pierreux et dur.
Maintes fois mes forces faillirent m’abandonner,
A peine j’espérais voir un jour la lumière.

Pourtant, au plus profond de la douleur,
où mon coeur se figeait,
Une étoile claire et douce se leva pour moi.
Elle me conduisit fidèlement ; je la suivis
D’abord hésitante, puis de plus en plus confiante,
Je me tenais enfin à la porte de l’Eglise.

Elle s’ouvrit ; je demandais d’entrer […]
Est-il possible, Seigneur, que renaisse
Celui qui a franchit la moitié de sa vie ?
Tu l’as dit, et pour moi c’est devenu réalité.
Le fardeau d’une longue vie de fautes et de souffrances
Est tombé de moi. […]

Oh ! Aucun coeur ne peut comprendre
Ce que tu réserves à ceux qui t’aiment.
Maintenant, je t’ai et je ne te lâcherai plus.

Où que conduise le chemin de ma vie,
Tu es toujours auprès de moi,
Rien ne pourra jamais me séparer de ton amour.