GUIRLANDE DES AMOUREUX DE DIEU

Nous remercions, du fond du cœur, toutes les personnes qui ont la gentillesse d’orner la guirlande des amoureux, en soulevant le voile pudique et délicat de leur si belle histoire d’amour avec Dieu.

HOMELIES

Immaculée Conception

Homélie de l’Immaculée Conception. (2021) Pontmain.

En ce Jour extraordinaire, comme aucun jour n’a existé sur terre, nous fêtons la Conception Immaculée de la Vierge Marie. Quelle grâce pour elle, mais aussi quelle grâce pour nous. Car déjà, Marie ne fait pas de cette grâce une grâce personnelle, elle nous la partage, comme Don de Dieu pour l’humanité.

Marie a compris ce mystère dans sa vie et l’a assumé au fil de sa croissance humaine et spirituelle, grâce au don merveilleux de la prière, de la fidélité et de la vigilance. En ce temps de l’Avent, nous en parlons depuis le début, puisque le Seigneur, à travers les textes nous rappelle d’être vigilant, de veiller et de prier pour préparer les chemins du Seigneur.

C’est dans cette vigilance fidèle et priante que la Vierge a constamment vécue.

Dans cette vigilance fidèle et priante elle reçut l’Annonce qui a changé l’histoire de l’humanité.

Dans cette vigilance, fidèle et priante elle garda et contempla, davantage et avant n’importe quelle autre personne, le Très Haut qui se faisait son Fils.

Dans cette vigilance fidèle et priante, remplie d’une admiration amoureuse et reconnaissante, elle donna le jour à la Lumière même, et, avec Saint Joseph, devint disciple de Celui qui était né d’elle, adoré par les bergers et les savants, accueilli avec exultation par le vieillard Siméon et la prophétesse Anne, craint des docteurs du temple, aimé et suivi par les disciples, contrecarré et condamné par Son peuple.

Dans cette vigilance fidèle et priante de son Cœur maternel, elle suivit le Christ Jésus jusqu’au pied de la Croix, où, dans l’immense douleur de son Cœur transpercé, elle nous a accueillis comme ses nouveaux enfants.

Dans cette vigilance fidèle et priante encore, elle attendit avec certitude la Résurrection et elle reçut l’Assomption dans le Ciel.

Et aujourd’hui, c’est dans cette vigilance fidèle et priante que la Très Sainte Mère de Jésus, notre mère, veille sur nous ! Et c’est à cette vigilance fidèle et priante qu’elle nous appelle à pénétrer dans la réalité du Mystère de l’Incarnation, de la venue du Seigneur Jésus dans notre monde en faisant deux choses : se rappeler le Mystère et ce que nous sommes devenus grâce à lui, c’est à dire : faire mémoire de la grâce de Noël et de notre baptême-confirmation.

La Vierge Marie, en effet, « faisait mémoire », c’est-à-dire qu’elle revivait continuellement en son cœur, ce que Dieu avait opéré en Elle, et dans la certitude de cette réalité, elle vivait sa tâche d’être la Mère du Très Haut et notre mère. Le Cœur Immaculé de la Vierge, ensuite, était constamment disponible et ouvert au « possible », c’est-à-dire à la concrétisation de la Volonté aimante de Dieu dans les occasions quotidiennes comme aussi dans les circonstances les plus inattendues.

C’est d’ailleurs pour cela qu’elle est venue dans notre ciel de Pontmain pour nous apporter la protection de Dieu par son humilité immaculée de Mère. Et Même aujourd’hui, du Ciel, la Vierge nous garde dans la mémoire vivante du Christ et nous ouvre continuellement son cœur pour nous aider à réaliser la volonté de Dieu dans nos vies.

Demandons-lui donc un cœur capable de revivre l’Avent du Christ dans notre vie, capable de contempler et d’accueillir la Vie de Jésus en nous qui peut venir nous renouveler quotidiennement dans la Célébration Eucharistique et transfigurer notre vie elle-même dans l’Avènement du Christ pour l’humanité.

Dans le « oui » de l’immaculée Conception, le « oui » de l’Annonciation, nous sommes encouragés à être cohérents avec le « oui » de notre Baptême-confirmation ; dans la Visitation à Sainte Elisabeth, nous sommes encouragés à vivre l’intimité divine, pour porter sa présence aux autres et pour la traduire en un service joyeux, sans limites de temps ni de lieux ; dans l’acte par lequel sa Très Sainte Mère enveloppe l’Enfant Jésus dans ses langes et l’adore, nous apprenons à traiter avec un amour ineffable la Très Sainte Eucharistie ; en conservant chaque événement en notre cœur nous apprenons de Marie le recueillement autour de l’Unique Nécessaire, Dieu Trinité qui s’est rendu visible en Jésus.

(C’est donc dans cet esprit que nous pourrons ou renouvellerons tout à l’heure, après la communion notre consécration à Jésus par les mains de Marie.)

Mère de l’Espérance et Reine de la Paix :
‘Très douce Vierge Marie,
Tu as dans ton apparition à Pontmain,
rappelé l’importance de la prière,
fortifié en nos cœurs l’Espérance
et apporté la Paix.

Daigne accueillir favorablement aujourd’hui
la prière ardente que nous t’adressons
pour que s’établisse dans nos cœurs, nos familles,
notre Nation et toutes les Nations,
la PAIX, fruit de la justice, de la vérité, de la charité.

Augmente en nos âmes le désir de vivre pleinement notre foi,
sans aucune compromission, dans toutes les circonstances de notre vie.

Aide-nous à toujours comprendre les autres
et à les aimer profondément en Dieu. Amen’

Offert par le Père Didier Thirault,
chapelain auxiliaire à la basilique Notre-Dame-de Pontmain,
et aumônier des Soeurs de la Miséricorde à Laval.

 

Etre le reflet de la présence de Dieu

Insolence et urgence, pertinence profonde et impertinence scandaleuse que notre fête ! En cette période dramatique où l’Église, et avec elle toute la société, prend conscience de l’ampleur de ses failles profondes, graves, scandaleuses, en termes de chiffres, de fonctionnement systémique et de mépris de la souffrance de milliers de victimes d’abus aux vies à jamais fracassées, la liturgie de la Toussaint, au risque de la méprise, nous donne à contempler et à nous réjouir de l’Église du ciel. Mais là est peut-être pour chacun, victimes, auteurs et institution, pour chacun de nous aujourd’hui, le seul horizon. Il ne s’agit pas d’esquiver les questions de responsabilité, de reconnaissance et de réparation, bref de réforme profonde mais d’orienter, d’irriguer et de ne pas se tromper d’objectif : notre avenir, le seul, est celui de la sainteté qui est celle de Dieu. Au risque de l’insolence de la joie, au risque du scandale de la perversion des choses saintes et au risque des promesses bavardes et faciles, notre fête ne peut taire le bonheur authentique, l’appel universel à la sainteté et l’espérance que Jésus nous adresse aujourd’hui. Sur ce chemin de crête risqué, la liturgie de la Parole sera notre lumière et, comme pour des funambules, notre balancier. Premièrement, le bonheur dont nous parle Jésus dans l’évangile n’est pas la joie insolente des parvenus ou des insouciants mais l’issue d’un chemin, radical, de pauvreté. C’est une traversée, celle accomplies par les cent quarante-quatre milles de l’Apocalypse. Le pauvre, le doux, l’artisan de paix, c’est celui qui a renoncé à son moi, à ce qui l’encombre au plus profond de lui-même pour recevoir le don de Dieu. Le bonheur est un fruit du désert. C’est un don qui ne peut être reçu que par qui sait recevoir : celui qui a faim, celui pleure, celui qui a renoncé à tout, sauf à aimer. La sainteté s’avère un chemin : de joyeux dépouillement (car il n’y a pas de pauvreté sans appauvrissement), de consentement (car il n’y a pas de pauvreté sans humilité véritable) et de don (et le pauvre sait qu’il ne donne que ce que Dieu lui donne). Heureux ces hommes libres de cette liberté que donne l’Esprit Saint, le « Père des pauvres » ! Heureuse l’éternelle jeunesse des saints entrés dans le mystère de la divine enfance ! Heureux les fous de Dieu qui ont compris que telle est sa sagesse ! Ce chemin est celui du Christ, dont les béatitudes donnent la silhouette : c’est lui le vrai pauvre, l’homme doux et humble, celui qui a pleuré sur Jérusalem, l’homme au cœur pur qui voit Dieu, l’artisan de paix qui la donne en plénitude à ses amis, le persécuté pour le Royaume. Deuxièmement, la liturgie de la Toussaint vient travailler notre désir le plus intime en nous offrant les choses les plus saintes : le bonheur, la sainteté, l’enfance, l’espérance, la miséricorde. Optimi corruptio pessima : les choses les plus belles sont aussi les plus sujettes à la perversion et maints abus ont joué sur cela, entrainant le pire. Et pourtant, peut-on vivre dans l’esquive de ces réalités les plus profondes de la vie et de la foi ? Pour ne pas perdre pied, les saints du ciel qui nous précèdent, qui nous soutiennent de leur prière et qui nous montrent le chemin, attestent de la douce beauté de l’évangile. La fraternité des saints est notre rempart.

Notre Église est l’Église des saints. Il faut l’autorité d’un Bernanos pour dire cela, lui qui disait ne comprendre le mystère de l’Église qu’après avoir médité l’épisode des Borgias et autres turpitudes que complète ad nauseam notre terrible actualité. Notre Église est l’Église des saints car seuls les saints nous disent vraiment Dieu et l’homme, génies de l’amour, seuls théologiens et seuls êtres humains authentiques !

Notre Église est l’Église des saints, car elle est communion du ciel et de la terre, église visible et invisible en interaction. La fête de la Toussaint nous renvoie au mystère de la prière et de l’entraide entre ceux qui sont en marche et ceux qui ont accompli leur marche mais dont le désir demeure inachevé tant que l’Église militante sera encore prise dans le combat de la foi. Enfin, troisième risque à affronter, parler des saints, qui plus est des saints anonymes, parler de la sainteté, ce pays auquel on aspire mais dont personne ne peut prétendre l’habiter, parler de joie et d’espérance risque toujours le bavardage dont nous sommes saturés. La Toussaint est un appel au silence, au silence de l’adoration et de la grande espérance qui seul peut irriguer la vraie parole. La sainteté est notre seule espérance, la vraie, au-delà de nos espoirs déçus et même de nos désespoirs devant l’immensité de notre faillibilité. C’est l’espérance de la pauvreté. C’est l’espérance de la fraternité. Geneviève Anthonioz, grâce à son expérience à ATD Quart-Monde, disait cette parole un peu énigmatique mais dont ce jour accroit la profondeur : « l’espérance c’est la fraternité », la fraternité, celle que l’on peut expérimenter dans nos communautés, dans nos amitiés, dans nos familles et qui plus est la fraternité des saints peut nous garder de tout recroquevillement, inévitablement désespéré et délétère, sur nous-mêmes. Le Pape François commente : « Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple. Personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé, mais Dieu nous attire en prenant en compte la trame complexe des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine : Dieu a voulu entrer dans la dynamique d’un peuple ». L’espérance de la Toussaint, c’est cette sainteté anonyme, non à bas prix car la sainteté sera toujours cet élixir de grand prix, fruit des traversées radicales dont nous avons parlé, mais offerte à chacun et nous entourant déjà : c’est la sainteté « de la porte d’à côté » pour citer encore Gaudete et Exultate, « de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu. Certaines âmes dont aucun livre d’histoire ne fait mention ont une influence déterminante aux tournants décisifs de l’histoire universelle. Ce n’est qu’au jour où tout ce qui est caché sera manifesté que nous découvrirons aussi à quelles âmes nous sommes redevables des tournants décisifs de notre vie personnelle. La sainteté est le visage le plus beau de l’Église ». Dieu seul est saint. Il nous donne cette sainteté en partage. Et ce partage déjà porte ses fruits. La Toussaint est notre espérance. Amen

Fr. Guillaume Dehorter, ocd
Avec l’aimable autorisation de
Fr. Olivier-Marie Rousseau
Prieur du couvent des Carmes d’Avon

« Les expériences spirituelles de Sainte Thérèse d’Avila, Saint-Jean de La Croix , Sainte Thérèse de Lisieux sont très éclairantes pour approcher la réalité du purgatoire, réalité joyeuse et douloureuse, réalité insaisissable par nos sens. »
Don Paul DENIZOT
Notre-Dame de Montligeon
Recteur du sanctuaire

 

« Stone, le monde est stone ; je cherche le soleil au milieu de la nuit ; j’sais pas si c’est la terre ; qui tourne à l’envers ; ou bien si c’est moi ; qui me fait du cinéma ; qui me fait mon cinéma. »

Starmania

Je suis tombé sur cette chanson de Starmania la semaine dernière et je trouve qu’elle est particulièrement d’actualité.

Elle exprime ce que ressentent bon nombre de personnes que j’ai rencontrées ici à Montligeon, touristes, visiteurs… et ce que nous pouvons aussi ressentir nous-mêmes aujourd’hui.

Le monde peut nous paraître fou, inquiétant

Du coup, nous ne parvenons pas à nous projeter, avec cette peur de l’avenir, cette peur des crises. Crises géopolitiques, crise écologique, crise sanitaire, crises sociales et la violence, la solitude, la résignation…

Dans cette atmosphère délétère dont la morosité est amplifiée par le cynisme de certains médias ou les réseaux sociaux, l’avenir paraît sombre, inquiétant pour beaucoup, sans compter nos épreuves et nos difficultés du quotidien (deuil, chômage, difficulté familiale…)

Où trouver le soleil au milieu de la nuit ?

Alors aujourd’hui on peut s’exciter et trouver un os à ronger avec la présidentielle 2022 et puis après ? après on parlera peut être de la Coupe du monde au Qatar puis de Paris 2024, cherchant des petits sens à nos existences, de petites échéances pour nous permettre de survivre en attendant la mort.

Dans l’inquiétude qui pourrait être la nôtre face à un avenir incertain, nous pourrions aussi nous réfugier dans la léthargie (canapé, pizza, Netflix… le courageux combat du confiné) ou dans la nostalgie. Nostalgie de ce que nous aurions pu être, de ce que nous aurions pu ou dû faire et que nous n’avons pas fait (combien d’hommes et de femmes restent fixés sur les embranchements mal pris il y a quelques années dans leur vie, professionnellement, familialement,  personnellement… des regrets, des regrets… Nostalgie d’un passé qui n’est plus.

En célébrant la Toussaint, nous croyons que le Royaume de Dieu est déjà une réalité

Dans ce contexte morose, la fête de la Toussaint que nous célébrons aujourd’hui jette une lumière définitive sur tout ce qui fait notre vie et sur ces peurs de l’avenir. La Toussaint, est la lumière du soleil que nous cherchons au milieu de la nuit et qui resplendit dans les ténèbres.

En effet, en fêtant les saints du Ciel qui nous précèdent dans la gloire de Dieu, foule immense de toutes nations, tribus, peuples et langues, nous fêtons notre avenir.

Nous nous rappelons que nous avons un avenir, Que Dieu nous donne un avenir. Nous nous rappelons que nous sommes aujourd’hui et tout au long de notre vie en pèlerinage vers notre véritable Patrie, que nous attendons la vie du monde à venir.

Au milieu des combats, des épreuves et des doutes qui jalonnent nos existences, et que notre espérance ne supprime pas, nous nous rappelons que tout ce qui fait notre vie a un sens. Qu’elle ne s’arrête pas avec la mort, mais qu’elle est portée par une grande espérance.

Pour paraphraser Anne Gavalda, Quelqu’un m’attend, nous attend quelque part. En célébrant la Toussaint, nous croyons que le Royaume de Dieu, royaume de paix et de joie, est déjà une réalité avec tous nos grands-frères et grandes sœurs dans la gloire, et que nous avons une place, que nous sommes attendus.

La Toussaint nous montre que c’est l’amour qui a le dernier mot sur le mal et la mort

Chers amis, croyons-nous vraiment que les plus grands bonheurs, les plus belles joies de notre vie sont devant nous ? Quel que soit notre âge, quelles que soient nos réussites ou nos échecs, nos épreuves ou nos blessures. Nos plus grands bonheurs sont devant nous. C’est le cœur de l’espérance chrétienne. Le Christ est mort et ressuscité pour vaincre la mort et nous la faire traverser avec lui. C’est là notre avenir.

Au slogan No future de l’idéologie punk, le chrétien répond : Yes future en fait !

Les plus grandes joies de notre vie ne sont pas derrière nous, mais devant nous. C’est d’abord cela le sens de cette fête de la Toussaint. C’est l’amour qui a le dernier mot sur le mal et sur la mort. Et cet Amour nous attend.

Homélie de la Toussaint 2021 à Montligeon, de don Paul Denizot

Homélie 5° dim. de Pâques : la gloire de l’amour

 

La gloire ! Qu’est-ce que ce mot évoque pour nous ? Dans les sociétés anciennes, la gloire coïncidait avec l’honneur. Il fallait tout sacrifier à sa défense comme en témoigne le théâtre de Corneille : «  Il y va de ma gloire, il faut que je me venge. » déclare Chimène dans le Cid (I,6) Et Honorie dans Attila : «  Pour peu que vous m’aimiez Seigneur, vous devez croire, Que rien ne m’est sensible à l’égal de ma gloire. » (II,2) La dramaturgie cornélienne est fondée sur cette quête de la gloire. Aujourd’hui, la gloire se trouve sur le podium des jeux olympiques, sur le tapis rouge du festival de Cannes ou moyennant des centaines d’amis sur facebook. La renommée tient ici à une réussite qui fait l’admiration de tous.

Jésus, quant à lui, déclare avoir une gloire, qui ne vient pas des hommes, mais de son Père. Cette gloire, il ne l’a pas conquise, mais il la reçoit comme un don à l’intime de son être filial. Lorsqu’il lave les pieds de ses disciples, puis ordonne à Judas de faire ce qu’il a à faire, c’est l’amour du Père, qui l’entraîne au don de lui-même. La gloire de Dieu n’est autre que son amour, sa capacité à se donner, à se communiquer à qui lui ouvre son cœurCette gloire toute intérieure investit pleinement l’être de Jésus à l’Heure de sa Passion et lui donne le courage de traverser l’épreuve.

Après un moment de trouble profond, Jésus s’est vu saisi par l’amour du Père : « Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » (Jn 12,27s) Le Père glorifie Jésus en lui donnant de nous aimer jusqu’à la fin de l’amour même dont il aime son Fils. A son tour, Jésus glorifie le Père en révélant à ses disciples son mystère : « Dieu est amour. » Cette gloire n’a pas pourtant d’autre visibilité que l’échec de la Croix. La Résurrection elle-même reste invisible. Seule la foi en Jésus permet d’entrer dans son mystère et d’accueillir en son propre cœur le Seigneur glorifié.

La gloire de Dieu, c’est le don qu’il fait de lui-même en son Fils pour faire surgir en ce monde la nouveauté de l’amour. Aussi est-ce à ce moment-là que Jésus donne le commandement absolument nouveau : « Je vous donne un commandement nouveau : de l’amour dont je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » Il ne s’agit pas ici d’imiter extérieurement Jésus, mais d’éprouver l’amour même dont Jésus nous aime pour nous laisser guider par cet amour dans la relation à notre prochain.

Cet amour nouveau que Jésus nous commande ne saurait en effet avoir d’autre fondement que l’amour de Jésus lui-même perçu au-dedans de soi comme gloire de Dieu. Cette gloire se trouve non pas sur les podiums ou dans les médias, mais dans la prière. Croire en la mort et en la résurrection de Jésus, c’est percevoir en notre cœur cette gloire divine de l’amour dont nous sommes aimés. Il ne s’agit pas ici d’extase, de feu venu du ciel ou de grand vent de tempête, mais d’une intuition profonde de ce que l’amour de Dieu en nous est infini, inconditionnel et à jamais donné. C’est une source vive, qui jaillit en notre cœur par la foi en Jésus mort et ressuscité pour nous.

L’obéissance au commandement nouveau de l’amour est le fruit de la présence aimante de Dieu en nous. Sa gloire est perçue à travers l’intuition de ce que nous sommes habités par l’amour inconditionnel du Christ. Cette gloire de Dieu ne conduit pas à la réussite ou au triomphe, mais à traverser l’épreuve avec Jésus, présent en notre cœur. Sa plénitude de vie et d’amour s’éprouve intérieurement dans le courage de la fidélité au sein de l’obscur quotidien ou dans la capacité à garder confiance au sein de la souffrance. La gloire de Dieu se vit ainsi dans le concret d’une mission reçue comme un gage de l’amour et de la confiance de Dieu.

Cette intuition de la gloire brise nos repliements sur nous-mêmes. Elle nous libère de nos peurs. Elle nous ouvre à la compassion envers autrui. Elle nous donne de poser des actes d’humilité, de miséricorde et de service. L’obéissance au commandement de Jésus se vit alors avec le sentiment de n’avoir rien fait d’autre que d’accueillir son amour. Notre gloire, c’est d’être déjà par grâce introduit ainsi dans la communion des Saints, cette Jérusalem céleste en laquelle Dieu réalise invisiblement sa demeure parmi les hommes.

Fr. Olivier-Marie Rousseau    

Prieur du couvent des Carmes d’Avon

PRESENCE DE DIEU

LE MYSTERE DE L’AMOUR

 

Au sujet d’Épithalame – chant d’amour, de Jean de Saint-Samson, je vous souhaite de goûter ce poème qui essaie de traduire le mystère de l’Amour conjugal du Christ pour l’humanité et pour chacun de nous.

Janvier 2022
Notre profonde gratitude à l’Abbé Yves Jausions

 

 

DIEU VIVANT

 

Puissions-nous être prophètes pour témoigner du Dieu vivant et nous tenir devant Lui pour tous.
En union de prière.

 


Juillet 2021, offert par Soeur Cécile, OCD

 

 

LA CONTEMPLATION

 

La prière liturgique, aboutissement de la contemplation, aboutit elle-même à la contemplation.

Elle a une âme vivante, avec une participation active, consciente et fructueuse de l’esprit, du coeur et de la volonté.

Seule, la prière du Christ dans l’Esprit Saint, a une fécondité missionnaire, invisible, mais réelle :
Edith Stein : « Cachées en Dieu avec Jésus, (les carmélites) ne peuvent faire que rayonner dans d’autres coeurs l’amour de Dieu dont elles sont emplies, et ainsi concourir à l’accomplissement de tous les êtres dans l’Unité en Dieu – ce qui fut et reste le grand désir de Jésus. »
« La louange solennelle peut s’élancer vers le Ciel pour toute l’Eglise et avoir une action sur tous les membres de l’Eglise, en éveillant leur vie intérieure et en les invitant à faire choeur avec elles. » 

 


Juin 2021, offert par un frère carme
Retrouvez le texte complet en Guirlande de prières « Prière liturgique et contemplation »

 

LA BONTE DE DIEU

 

J’ai eu, il y a quelques jours, une vue qui m’a bien consolée. C’était pendant mon action de grâces que je fis quelques réflexions sur la bonté de Dieu, et comment ne pas y penser dans ces moments-là, à cette bonté infinie, bonté incréée, source de toutes les bontés !  Et sans laquelle il n’y aurait aucune bonté, ni dans les hommes, ni dans les autres créatures.

 

J’étais extrêmement touchée de ces réflexions, lorsque je vis écrit comme en lettres d’or ce mot Bonté, que je répétais depuis longtemps avec une indicible douceur. Je le vis, dis-je, écrit sur toutes les créatures animées et inanimées, raisonnables ou non, toutes portaient ce nom de bonté, je le voyais même sur la chaise qui me servait de prie-Dieu. 

 

Je compris alors que tout ce que ces créatures ont de bon et tous les services et les secours que nous recevons de chacune d’elles est un bienfait que nous devons à la bonté de notre Dieu, qui leur a communiqué quelque chose de sa bonté infinie, afin que nous la rencontrions en tout et partout.

 

Ecrit de Sainte Thérèse de Couderc le 10 août 1866
Fondatrice de la Congrégation Notre Dame de la Retraite au Cénacle
Mai 2021, offert par Soeur Marie-Paule du Cénacle de Montmartre

 

UNE EVIDENCE

 

Je peux le dire maintenant, ce n’était pas le cas avant :
La présence de Dieu en moi, j’en suis absolument persuadé ; la présence de Dieu en moi est une évidence.
Jésus m’accompagne, pour autant je ne saurais dire comment il vit en moi. Il me parle à partir du récit des autres, mais je ne peux pas en dire davantage.
Je fais miennes les paroles de Saint Augustin : « Mais toi, tu étais plus intime que l’intime de moi-même et plus élevé que les cimes de moi-même. »  (Tu autem eras interior intimo meo et superior summo meo)
Confessions 3, 6, 11

Avril 2021 –  Abbé Yves Jausions
Disciple du Père Henri Caffarel
Fondateur des écoles d’oraison – Ecrivain

UN NOUVEL AMI

 

Quand j’étais ado, je me posais souvent la question de savoir si j’aurais «ma place là-haut dans le Ciel près de Dieu ».
Je n’avais aucun doute sur son existence mais il restait lointain et complètement en dehors de la vie des hommes et de la mienne en particulier. Et surtout, je ne comprenais pas pourquoi sa mort sur la croix nous permettrait d’avoir la vie éternelle : c’est quoi le rapport ?

Quelques années plus tard, étudiant, je partage ma chambre avec un collègue qui discute souvent de la foi avec un copain protestant très au fait de la Bible. J’écoute et je participe activement à ces discussions qui donnent un éclairage nouveau à mes questions métaphysiques.
Je suis frappé par les réponses pertinentes de ce copain qui s’appuie à fond sur la Bible et qui en plus, semble vivre ce qu’il dit sur Dieu.

D’ailleurs, que dit-il ? Que Dieu a créé l’homme par amour et qu’il s’est séparé de Lui parce que l’homme veut vivre tout seul ; donc, il meurt parce Dieu donne la vie, et personne d’autre. Alors, pour ramener l’homme à la vie éternelle, Jésus, Dieu fait homme, a vaincu la mort sur la croix et en ressuscitant : rien que ça !
Ce Dieu, lointain, a pris forme humaine, pour amener à la vie tous les hommes parce qu’Il ne supporte pas de les voir souffrir et mourir chaque jour.

Les discussions se succèdent et nous avons de moins en moins de questions à poser. Malgré cela, le copain continue de nous parler de Dieu et de tout ce qui a changé dans sa vie depuis qu’il s’est converti. Pour la première fois, j’ai une réponse précise à mes questions et j’apprends que ça change la vie.
Et je décide de dire oui à ce Jésus, nourrisson grelottant de froid dans la crèche et mort sur la croix comme un esclave : il faut être vrai Dieu pour faire aussi nul, et en tout cas, il faut aimer jusqu’au bout. Je démarre alors une lecture quotidienne de la Bible qui me prendra plusieurs années : pas grave, c’est juste la Parole de Dieu !

Petit à petit, je me mets à aimer les gens que je rencontre, ils ne sont plus transparents ; j’apprends à faire confiance à ces hommes qui sont mes frères et qui sont aimés de Dieu tout comme moi. Je me sens plus assuré face à ce monde tumultueux et tous ces gens qui bougent sans cesse pour donner un sens à leur vie ; Il me rend capable d’affronter ceux qui ne pensent qu’à faire du mal aux autres.

J’apprends aussi à faire confiance à Dieu qui est là sans cesse et qui, chaque jour, m’aide à grandir dans son amour et celui des autres grâce à sa Parole et à la prière. Eh oui, je découvre que ce Dieu qu’on dit absent et donc qui ne fait rien, agit tous les jours et exauce nos prières au-delà de toute espérance.
Non content de me donner son Amour, Dieu me fait rencontrer ma femme ; alors, je termine mes études avec un métier, la foi et une femme : trop cool!

Les années passent avec ses joies, ses peines et toujours la présence bienveillante et permanente de mon Dieu papa : il va même me guérir du jour au lendemain d’un diabète de type 2 qui m’embêtait depuis 17 ans alors que je n’ai jamais demandé de guérir.
C’est à partir de ce moment que je commence à ressentir une présence douce, bienveillante et permanente qui me conseille, me guide et me soutient.
Je comprends qu’il s’agit de quelqu’un de terriblement discret, d’efficace et de sage qui ne peut agir que si on laisse suffisamment de place à Dieu.
Et je découvre un nouvel ami : l’Esprit-Saint ; je découvre qu’il est Dieu, aux côtés de mon Dieu papa et qu’il m’aide sans cesse à prier et à lire la Parole.

Trop fort ! Le Dieu lointain auquel je croyais s’avère être aussi Celui qui est présent en nous-mêmes : comment être plus proche ?

Cette histoire a commencé il y a bientôt 43 ans : c’est juste le début d’une expérience éternelle …

Avril 2021 – Jean-Pierre