RESSOURCEMENT SPIRITUEL
VIE MYSTIQUE
« Si grands qu’aient été les efforts déployés, les progrès accomplis, si héroïques les sacrifices innombrables, le prix de l’homme libre n’a pas encore été payé par l’homme, ni même défini à sa juste valeur. En ce moment même, des milliers d’êtres humains, nos semblables, accablés ou révoltés, nous attendent, toi et moi. »
René Maheu
« Tout travail sur soi-même, tous les efforts consentis en vue d’une purification de l’âme, ne peuvent jamais consister qu’à réprimer des tendances psychiques et des actes de qualité négative, qu’à combattre ou ne pas laisser se manifester les dispositions à ces actes, et d’autre part à s’ouvrir à des valeurs positives. Mais on ne peut acquérir ou se défaire de qualités de l’âme.
Edith Stein – De la Personne – Cerf 1992 – Page 132
Ce que l’on appelle la vie mystique n’est autre que la transformation de notre jardin, de notre être par l’oeuvre de la grâce : son épanouissement, sa fructification. L’image du jardin, enracinée dans le livre de la Genèse, où Dieu confie à Adam la responsabilité de cultiver la terre, permet de bien mettre en lumière le rôle des partenaires humains et divins.
Frère Philippe de Jésus-Marie, carme à Toulouse,
www.lavie.fr/chercher-dieu-au-jardin
« Peut-être faut-il définir ainsi la mystique, non d’abord par des expériences intérieures peu renouvelables et, somme toute invérifiables, mais par ce rayonnement extérieur qui attire, réchauffe et éclaire ceux qui tâtonnent et cherchent…
Après tout, quand nous observons les étoiles, ce n’est pas directement le cœur, véritable centrale nucléaire, mais seulement leur luminosité étincelant dans la nuit cosmique que nous observons … »
Avec l’aimable autorisation de Cécile Rastoin, Soeur Cécile de Jésus Alliance, OCD – Mélange Carmélitains -Ed. Parole et Silence 2008, p. 121
Article
Vie mystique, Père Henri Caffarel
Certains théologiens estiment que la vie mystique n’est pas dans le prolongement de la vie chrétienne normale. Elle serait, à leurs yeux, une voie d’exception. Je pense pour ma part, avec beaucoup d’autres, que, si par vie mystique on entend parler non pas des phénomènes extraordinaires, telles les visions, révélations, extases qui parfois l’accompagnent, mais de la prise de conscience de la vie de Dieu en soi, tous les chrétiens sont invités à cette intimité avec leur Dieu. Je reconnais cependant que beaucoup n’y parviennent pas. L’explication en est simple : cette manifestation de Dieu à l’âme est bien un don divin, mais que nul ne reçoit s’il n’a marché vaillamment et patiemment sur le rude sentier de l’oraison, s’il ne s’est efforcé d’accomplir, jour après jour, la volonté de Dieu, s’il n’a consenti à découvrir sa misère profonde et renoncé définitivement à se plaire à lui-même, et surtout s’il n’a désespérément cru en l’amour du Père et subi les purifications qu’opère cet amour.
La prière mystique n’a pas à être justifiée par son efficacité au plan de l’action.
Il n’empêche que les plus grands hommes d’action du Royaume de Dieu ont été de grands mystiques. Rien n’est donc plus faux et plus vain que d’opposer les mystiques et les hommes d’action, réservant aux premiers les hautes formes de prière, aux seconds, les entreprises apostoliques.
Bergson avait été impressionné par l’exceptionnelle efficacité, dans l’action, des mystiques. Il s’était longuement arrêté sur ce problème des rapports de la contemplation et de l’action. Et lui, le philosophe juif, plusieurs années avant sa conversion au catholicisme, s’était fait le défenseur des mystiques catholiques, à la stupéfaction de tant de prêtres et de fidèles qui, volontiers, ironisent sur la mystique.
Se ramassant sur eux-mêmes pour se tendre dans un tout nouvel effort, écrit-il, les mystiques chrétiens ont rompu une digue ; un immense courant de vie les a ressaisis ; de leur vitalité accrue s’est dégagée une énergie, une audace, une puissance de conception et de réalisation extraordinaire. Qu’on pense à ce qu’accomplirent, dans le domaine de l’action, un saint Paul, une sainte Thérèse, une sainte Catherine de Sienne, un saint François, une Jeanne d’Arc, et tant d’autres.
Disons que c’est désormais, pour l’âme, une surabondance de vie. C’est un immense élan. C’est une poussée irrésistible qui la jette dans les plus vastes entreprises. Une exaltation calme de toutes ses facultés fait qu’elle voit grand, et, si faible soit-elle, réalise puissamment. Surtout, elle voit simple, et cette simplicité, qui frappe aussi bien dans ses paroles et dans sa conduite, la guide à travers des complications qu’elle semble ne pas même apercevoir.
Une science innée ou plutôt une innocence acquise lui suggère ainsi, du premier coup, la démarche utile, l’acte décisif, le mot sans réplique. L’effort reste pourtant indispensable, et aussi l’endurance et la persévérance. Mais ils viennent tout seuls, ils se déploient d’eux-mêmes dans une âme à la fois agissante et « agie », dont la liberté coïncide avec l’activité divine.
Si Bergson a raison, si les mystiques, ainsi que toute l’histoire de l’Église l’atteste, sont les hommes d’action les plus lucides et les plus efficients lorsque leur vocation est d’œuvrer sur terre, rien n’est donc plus désirable que, dans notre monde malade et dans tous les secteurs d’activité de ce monde, vie politique, recherche scientifique, sphère de la pensée et domaine du travail, surgissent des êtres qui, s’étant engagés délibérément dans les voies de la prière, vivent dans la familiarité de leur Dieu et se laissent mouvoir par lui — des mystiques vrais.
Entretiens sur la mystique
Rejoindre Dieu en soi-même
La parole ardente
VIE SPIRITUELLE ET PSYCHOLOGIE
« Quand, au terme d’une évolution longue et pénible, poursuivie de jour en jour, on est parvenu à rejoindre soi-même ces sources originelles que j’ai choisi d’appeler Dieu, et que l’on s’efforce désormais de laisser libre de tout obstacle ce chemin qui mène à Dieu (et cela, on l’obtient par un travail intérieur sur soi-même), alors on se retrempe constamment à cette source et l’on n’a plus à redouter de dépenser trop. »
Etty Hillesum – Une vie bouleversée – Collection Points, Ed. du Seuil, 1985 p.226
« Que de beaux raisonnement me venaient à l’esprit pour me persuader que je devais rester au milieu des enfants et des oeuvres où je réussissais ! Puis ce furent les appréhensions de ma vieille carcasse devant les obligations de la vie monastiques, et tout cela assaisonné des refrains d’innombrables gens qui me désavouaient de façon violente. »
Père Jacques de Jésus, Lettre du 24 avril 1932 à Jacques Lefèvre
On a cru que l’éducation naturelle des petits enfants ne devait être que physique ; mais l’esprit a, lui aussi, ses besoins, et la vie spirituelle domine l’existence humaine à tous les âges.
Je pense toujours au poète anglais Wordsworth, qui demandant à la nature le secret de la vie entière, disait : « le secret de toute la nature est en l’âme de l’enfant ».
Il y avait découvert la synthèse de la vie qui siège dans l’esprit de l’humanité.
Mais cet esprit qui « enveloppe notre enfance » est ensuite obscurci « par l’ombre de la prison qui commence à se refermer sur l’enfant grandissant », l’homme « le voit mourir au loin et s’évanouir dans la lumière quotidienne. »
Vraiment, notre vie sociale est bien souvent l’obscurcissement progressif et la mort de la vie naturelle qui est en nous.
Maria Montessori, Pédagogie scientifique – Ed. Desclée de Brouwer, 1958 p.250-251
L'expérience mystique de St Jean de la Croix à l'aune des sciences humaines
Psychologie religieuse
De l'opposition au dialogue interactif
EDUCATION A LA LIBERTE
Grandeur de la liberté
« Mais c’est toujours librement que l’homme se tourne vers le bien. Cette liberté, nos contemporains l’estiment grandement et ils la poursuivent avec ardeur. Et ils ont raison. Souvent cependant ils la chérissent d’une manière qui n’est pas droite, comme la licence de faire n’importe quoi, pourvu que cela plaise, même le mal. Mais la vraie liberté est en l’homme un signe privilégié de l’image divine. Car Dieu a voulu le laisser à son propre conseil pour qu’il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à lui, s’achever ainsi dans une bienheureuse plénitude. La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure. L’homme parvient à cette dignité lorsque, se délivrant de toute servitude des passions, par le choix libre du bien, il marche vers sa destinée et prend soin de s’en procurer réellement les moyens par son ingéniosité. Ce n’est toutefois que par le secours de la grâce divine que la liberté humaine, blessée par le péché, peut s’ordonner à Dieu d’une manière effective et intégrale. Et chacun devra rendre compte de sa propre vie devant le tribunal de Dieu, selon le bien ou le mal accompli. »
Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps – Gaudium et Spes
17. Grandeur de la liberté (Date de publication : 8 décembre 1965)
Transformation authentique
« Dieu conduit l’être humain à devenir authentiquement humain. La personne qui place sa vie dans la main de Dieu peut être sûre, et elle seule le peut, qu’elle va devenir entièrement elle-même, c’est à dire qu’elle va devenir ce que Dieu a conçu pour elle personnellement. »
Edith Stein – « Vérité et clarté dans l’enseignement et l’éducation » EGSA 16, p7
La vie monastique, un autre regard
L’humilité de Dieu
« Jésus ressuscité confie aux apôtres la mission d’être les témoins de sa liberté. Il a vécu en homme libre. C’est parce qu’il est demeuré libre qu’il est mort. Ressuscité, il devient clair aux yeux de la foi que la liberté même de Dieu était la source de sa liberté d’homme, et qu’il n’a jamais opposé le moindre obstacle à son jaillissement dans le tréfonds de son être. Aucun risque qu’il veuille capter la nôtre, après être allé jusqu’au bout de l’amour pour la sauver ! Il ne change donc pas notre vie dans son multiforme conditionnement, car une liberté créée ne peut être créatrice de soi qu’en traversant des chemins de nuit de déterminisme et de violence. Mais il promet l’Esprit et le donne, pour que l’Énergie d’amour qui le fit libre nous fasse libres à sa ressemblance, et qu’ainsi nous soyons ses frères en liberté.
François Varillon “ L’humilité de Dieu ”, Le Centurion, Paris, 1974, p.159
« Cette conversion du regard n’est pas tant l’acte de tourner son regard dans une autre direction, car c’est toujours le même monde créé qui s’offre à nos yeux, que celui de regarder autrement, de regarder selon une autre intention et un autre désir. Ce dont il y va, c’est d’un passage de l’étroit et du mesquin à l’ample et au large : la conversion du regard coïncide avec son élargissement et avec sa dilatation. (…)
Mais en quoi consiste au juste cet élargissement du regard qui va de pair avec une dilatation du désir ? En une reviviscence en nous de l’enfance, de la vision d’enfance. »
La joie spacieuse – Essai sur la dilatation Jean-Louis Chrétien – Extrait p.176
Comment on crée chez l’enfant une fausse culpabilité
La liberté religieuse pour le bien de tous
Le chrétien est libre
L’impensé de la théologie du corps dans le rapport de la Ciase
Pour la construction d'un monde plus fraternel et pacifique
Cultiver la liberté avec Dieu
« La liberté n’est pas une conquête automatique qui demeure une fois pour toutes. La liberté est toujours un chemin, parfois pénible, à renouveler continuellement. Il ne suffit pas d’être libre extérieurement, ou à travers les structures de la société, pour l’être vraiment »
Le Pape François – Vatican News
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« On ne peut éduquer que dans la dignité, une grande attention à la dignité de l’autre. »
« La spiritualité du Carmel est une proposition de bonheur liée au développement de la vie intérieure. Choisir cette spiritualité engage donc sur un chemin d’intériorité. Cela suppose détermination, désir intense, courage, audace, persévérance. Pour faire un tel choix, il faut avoir conscience de l’importance de l’enjeu : il s’agit d’entreprendre un voyage au cours duquel je construis peu à peu de l’intérieur ma véritable humanité. La liberté de déterminer soi-même son être est en effet une dimension essentielle du bonheur humain. C’est même la source de la joie la plus pure, car la liberté est la marque par excellence de la dignité spirituelle de l’homme.«
« La discipline est la base de la liberté. »
« Le passage de la nature à la grâce n’est possible qu’à un être libre. »
Edith Stein – De la personne – Ed. du Cerf, 1992 p.53
« L’éducation vraie vise à libérer progressivement l’enfant jusqu’à le faire participer aussi largement que possible à la souveraine liberté de Dieu. Or, sainteté et liberté vont de pair. »
Père Jacques de Jésus, ocd – En famille, n.3, juillet 1935
L’éducation accomplie doit conduire l’enfant à s’auto éduquer :
« L’éducation, la vraie, celle qui donne seule des résultats complets et définitifs consiste à apprendre à l’enfant à faire usage de sa liberté. Je crois que c’est là, le point capital. Il faut savoir que l’enfant est un être né pour être libre, qu’il est vite conscient et avide de sa liberté, qu’il n’admet pas que l’on touche à ce bien le plus précieux de son être. »
(En famille quand même, n.2, février 1943)
« L’éducation consiste à apprendre à l’enfant à se passer de ses éducateurs, à savoir vite et bien utiliser sa liberté… Ne pas lui boucher l’horizon de la vie en marchant constamment devant lui. Le laisser au contraire aller de l’avant, le suivre en n’intervenant que discrètement et quand cela en vaut la peine, et toujours avec tact et discrétion. »
(En famille, n.10, février 1937)
Père Jacques de Jésus, ocd
« Le libre choix est l’activité la plus élevée : seul, l’enfant qui connaît ce dont il a besoin pour exercer et développer sa vie spirituelle, peut, en vérité, choisir librement.
On ne peut parler de libre choix quand chaque objet extérieur appelle également l’enfant et que, manquant de puissance de volonté, il répond à chaque appel et passe continuellement d’un objet à l’autre.
L’homme naît quand son âme prend conscience, se fixe, s’oriente, choisit. »
Maria Montessori, L’esprit absorbant de l’enfant – Ed. Desclée de Brouwer, 1959 p.220-221
Eduquer à l'intériorité
Entre éthique et mystique... Quand Edith Stein et Etty Hillesum se rencontrent
Liberté et union mystique
Edith Stein ou l'authenticité éducatrice
VIE SPIRITUELLE ET ECOLOGIE
Espérance, sobriété, conversion... Penser l’écologie à partir de ressources chrétiennes
« S’il est vrai que les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus très grands, la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure.
Le Pape François – Encyclique Laudato Si’, n°217
L’économie monastique, une économie durable
A la recherche du bien (en commun)
Écologie : «La spiritualité fait partie de la solution»
Hildegarde de Bingen, écologiste avant l’heure
Le label Eglise verte pour marcher en Église vers notre conversion écologique
Pour les autochtones d'amazonie, tout est lié
Contemplation Muette
« Dans une maison des enfants de Rome, n’ayant pas de terrain à cultiver, nous avions disposé des vases de fleurs tout autour d’une grande terrasse.
Et les enfants n’oubliaient jamais d’arroser les plantes avec un petit arrosoir.
Un matin, je les trouvai assis par terre, tous en cercle autour d’une splendide rose éclose depuis la nuit ; ils étaient silencieux et tranquilles, plongés dans une contemplation muette. »
Maria Montessori – Pédagogie scientifique – Ed. Desclée de Brouwer 1958, p.58
Au jardin (pages 42-44 et 98-100)
Laudato Si' : La proposition d'une éthique écologique intégrale
Ecologie humaine
Terre des Hommes
Photo et article avec l’aimable autorisation de Yann Arthus-Bertrand
Photo : Shark Bay, Australie
Article : Collège des Bernardins
Dans le sillage de Laudato’si
« La révolution sera spirituelle »